mercredi 2 mars 2011

Inquiétude au LFC

Les deux associations de parents d'élèves et la section de la FSU du LFC qui représente 80% des enseignants ont fait parvenir la lettre reproduite ci-dessous à Madame la Directrice de l'AEFE, ce jour mercredi 2 mars 2011.

Copies à :
Jean Félix Paganon, Ambassadeur de France en Egypte,
Arnaud de Sury, Premier Conseiller de la chancellerie du Caire,
Jean-Pierre Debaere, Conseiller de coopération et d'action culturelle,
Bernard Regnauld-Fabre, Consul général
Paul Petit, Attaché culturel, 
Bernard Roesch, Proviseur du LFC,
Joachim De Sousa, Proviseur-adjoint du LFC, 
Nathalie Levoy, Intendante du LFC, 
Joëlle Cassel, Directrice du primaire au LFC, 
Michel Igout, Chef du Secteur géographique Maghreb - Machrek - Madagascar,
Jean Paul Negrel, Secrétaire Génaral de l'AEFE,
Mmes et MM les sénateurs des français à l'étranger
U.F.E.
A.D.F.E.
F.C.P.E.
A.F.A.P.E.
SNES/FSU
SNPDEN

Madame La Directrice de l'AEFE,


Suite aux événements qui ont eu lieu au Lycée Français du Caire, nous, représentants des enseignants et des parents d'élèves et à ce titre des deux tiers de la communauté scolaire, avons ressenti le besoin de faire entendre une autre voix. Les élèves ont de leur côté, de façon spontanée et autonome, mené leur propre action aujourd'hui et prévoient de la poursuivre demain.

L’incident survenu le 6 février 2011, lors de la réunion administrative de l’Ambassade de France, mérite d’être replacé dans son contexte. Nous étions dans un pays de « non-Etat » et nous vivions une situation particulièrement violente : le LFC était fermé depuis le 27 janvier au soir. Des pillages, des affrontements violents et des agressions physiques avec tirs à balles réelles étaient constatés dans divers quartiers du Caire, de la périphérie et même à Maadi. Le couvre-feu a été décrété dès le 28 janvier et les principaux moyens de communication ont été interrompus (internet, téléphones portables). La sécurité des immeubles était assurée par des comités populaires, les blindés de l'armée protégeaient les axes de circulation mais non les personnes.
Sous cette pression, de nombreuses entreprises ont décidé de rapatrier leurs personnels en France. Le ministère des affaires étrangères n'a pas décidé de rapatrier les ressortissants français, le poste diplomatique déclarant qu'il n'y avait pas de danger en dehors du couvre-feu. Mais compte tenu de la tournure qu'ont pris les événements, des familles ont décidé de leur proche chef de rentrer.

Malgré cette tension, à l’heure dite, la communauté française et l'ensemble de la communauté scolaire s’est rendue à la réunion organisée par l’ambassade, le 6 février, dans la salle polyvalente du Lycée français.

La réunion a commencé dans une ambiance sereine, S.E. L'Ambassadeur qualifiant la situation de « calme » et de « retour à la normale ». Mais prenant tout le monde de court, il a ensuite déclaré que la décision de fermeture du LFC était déjà prise, en accord avec Madame la Directrice de l'AEFE. Si une telle décision est fondée juridiquement, elle a provoqué un émoi dans la salle par son caractère abrupt. En réponse, S.E. l'Ambassadeur a haussé le ton et intimé à la salle l'ordre de se taire. L'assemblée, déjà déstabilisée par les annonces contradictoires, a explosé de colère en réponse à celle de S.E. L'Ambassadeur. Tout ceci s'est déroulé en présence de media.
Dans ce contexte explosif, une deuxième réunion, restreinte aux membres de la communauté scolaire et présidée par le Proviseur et le Conseiller Culturel, était consacrée au LFC. Elle a commencé après le départ de S.E. L'Ambassadeur, celui-ci ayant déclaré qu'il ne voulait pas se mêler des problèmes scolaires. Trois microphones se trouvaient dans la salle, l'un dans les mains du Proviseur, l'autre dans celles du Conseiller culturel, le troisième dans celles d'élèves. Une enseignante s'est approchée du Proviseur pour lui demander son microphone, ce qu'il a refusé. Monsieur Hugue s'est alors approché pour faire la même demande puis, devant le refus du Proviseur, a tenté de le prendre de ses mains sans succès, et sans porter la moindre atteinte physique au Proviseur. Ce dernier a alors déclaré qu'il était victime d'une agression physique. Pourtant la réunion s'est poursuivie normalement après les quelques secondes de cet incident, sans aucune réaction de la part des responsables et notamment du Conseiller culturel qui se tenait à quelques mètres du Proviseur.
Si l’attitude du professeur peut être considérée comme déplacée en présence de nombreux parents et élèves, il est important de la replacer dans son contexte de passions, de doutes et d’angoisses. Soulignons que dès le lendemain, Monsieur Hugue a sollicité de lui-même un entretien avec le Proviseur, entretien qui a eu lieu le 8 février, afin de présenter ses excuses pour l'inopportunité de son geste et il s'est déclaré prêt à accepter une sanction appropriée.
En cette rentrée où tous les efforts de la communauté éducative devraient être concentrés sur la réussite des élèves, la diffusion de la « note d'accueil » interne  du Proviseur du 23 février 2011 à l’ensemble des personnels et aux présidents des associations de parents d’élèves (sans aucune clause de confidentialité), mettant en cause nommément cet enseignant, et de façon partiale, nuit à une reprise sereine du travail. Elle constitue de toute évidence un préjudice moral à son encontre et un manquement flagrant au devoir de réserve.
Depuis le début de l’année scolaire, les élèves du LFC ont eu de nombreuses raisons d’être inquiets à cause de plusieurs interruptions des cours. Les événements des mois de janvier et février qui ont entraîné la fermeture du lycée, ont mis en péril la progression scolaire. Ce nouvel incident et la crise qui en découle rendent impossible une reprise normale du travail, comme le montrent les réactions spontanées des élèves de ce jour.
Par conséquent, nous demandons l'annulation immédiate de la décision de suspension et de la procédure en cours. Nous osons espérer, que vous aurez à cœur comme nous de trouver le plus rapidement possible une issue à cette crise. Nous sommes quant à nous disposés à tout mettre en œuvre pour rétablir la sérénité qui permettra à l'établissement de fonctionner à nouveau.
Veuillez agréer, Madame la Directrice, l'expression de nos salutations les plus respectueuses.
Pour le bureau de l'ARFE
Giancarlo Rispoli
Pour le bureau de l'AFPEC
Jean-Claude Aunos 
Pour le bureau de la FSU du LFC Sylvie Nony








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