vendredi 15 octobre 2010

Le projet de l'AEFE concernant la "mobilité des personnels résidents"


Suite au désir exprimé par l’A.E.F.E d’améliorer la mobilité des personnels résidents, il nous semble nécessaire d’entamer une réflexion sur les divers aspects de ce projet, qui amènerait une partie du personnel actuellement en poste à l’étranger à quitter leur pays de résidence et à réintégrer un poste dans l’éducation nationale.

Nous n’aborderons que quatre des aspects essentiels :
- la cohérence
- la nécessité
- les conséquences
- les interrogations

L’incohérence :
- Il ne semble pas nécessaire de s’appesantir sur la signification du terme résident en opposition à celle d’expatrié : le résident est celui qui a décidé d’élire domicile, de s’installer.
- Cette condition d’implantation suffisante dans le pays est d’ailleurs rappelée douloureusement à chaque nouveau résident qui ne se voit délivrer un contrat qu’au terme de trois mois de présence effective dans le pays. Pourquoi cette condition sine qua non (chère payée) d’embauche deviendrait-elle un grief ?
- Cette implantation a toujours été favorisée en CCPL, donnant un rang de priorité, elle a été souvent interprétée comme une assurance de stabilité recherchée par l’établissement.
- Le renouvellement pédagogique prôné était assuré par le personnel expatrié, la suppression de la grande majorité de ces postes a prouvé qu'il ne s’agit pas d’une priorité de l’agence.
La non nécessité :
- En termes de formation, le nombre de stages effectués par les enseignants du réseau est supérieur à la moyenne française.
- Les profils des nouveaux expatriés recrutés assurent, quasiment dans chaque matière la présence d’un conseiller pédagogique ou d’une personne ressource.
- La qualité de l’enseignement actuel est prouvée de manière quantifiable par l’excellence des résultats des élèves du réseau au brevet et au baccalauréat ; ces résultats demeurent supérieurs aux moyennes françaises alors que la langue française ne représente pas la langue maternelle pour nombre d’élèves du réseau.
- La suppression de la majorité des postes d’expatriés, et le maintien de l’excellence des résultats a prouvé que l’agence pouvait s’appuyer sur un personnel résident compétent et adéquat …qu’elle souhaiterait changer à présent.
Les conséquences :
- Les personnels résidents ont, par définition, souvent bâti leur vie dans leur pays d’élection, il est évident que ce type de projets pourraient avoir des conséquences humaines catastrophiques pour nombre de couples binationaux, qui se verraient alors séparés de leur maison, de leur famille, de leurs enfants (souvent intégrés définitivement dans le pays).
- Renouveler « de force » régulièrement les résidents, les obligera à procéder à une demande de réintégration, à un moment non choisi, et dans une situation défavorable : en effet, étant demeurés trop peu de temps dans l’établissement, ils ne pourront entrer équitablement (trop peu de points accumulés) en compétition lors des mutations avec les collègues travaillant en France, qui eux, peuvent rester le temps désiré dans leur établissement (une carrière parfois).
Ces personnels se verront donc infliger une double peine :
- une expulsion de facto de leur pays d’élection
- une réintégration défavorable
Les interrogations :
Nous sommes donc en devoir de rechercher des motivations autres que celles qui relèvent de l’intérêt pédagogique. Il est probable, que le personnel renouvelé ayant déjà passé une partie de sa carrière, présentera les caractéristiques suivantes :
- un échelon élevé
- une famille constituée
Autrement dit :
- salaires plus élevés
- isvl plus élevées
- des versements compensatoires pour chaque enfant
On peut craindre qu’il s’agisse là, des véritables motivations de l’agence.
On ne manquera pas non plus d’exprimer des inquiétudes quant à la précarisation des personnels que cela représenterait (qui restera ? combien de temps ?). Dans ce domaine, il est à noter que la capacité du chef d’établissement d’émettre un avis (favorable /défavorable) sur chaque demande de renouvellement de détachement de manière autocratique ne manquera pas d’être la source des conflits les plus vifs avec le personnel. Il semblerait plus équitable qu’il puisse appuyer son avis sur celui d’une commission paritaire locale, évitant ainsi le fait du prince, qui se verrait autorisé à conserver un personnel choisi par lui seul. La logique voudrait que la commission qui a été amenée à émettre un avis consultatif sur l’embauche puisse donc conseiller le chef d’établissement dans ce domaine aussi.
En conclusion :
Ce projet incohérent et non nécessaire ne pourra pas faire l’économie d’une réflexion sur les conséquences humaines catastrophiques. Non content de déstabiliser les établissements, et, les équipes pédagogiques constituées, il semble ne se fonder que sur des considérations financières douteuses.
En tout état de cause, il n’est pas justifié par l’intérêt général.
Il nous semble donc capital de nous y opposer.

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